＜p＞＜strong＞Extrait: Prologue＜/strong＞＜/p＞
＜p＞Par un soir d’octobre 1539, Georges de Roberval descendait distraitement la rue Saint-Denis, ? Paris. Il venait de quitter son ami Gontran de Kermer qui partait, cette nuit-l? m?me, pour un long voyage tout-?-fait inattendu.＜br /＞ Georges et Gontran s’?taient connus six ans auparavant, par suite d’un de ces hasards qui encha?nent ? toujours deux existences, de m?me qu’ils mettent aussi parfois entre les hommes une barri?re infranchissable. Depuis lors, ils ne s’?taient pas quitt?s.＜br /＞ On ?tait ? cette ?poque glorieuse du seizi?me si?cle, o? la France et l’Italie, apr?s s’?tre rencontr?es les armes ? la main, rivalisaient maintenant sur un autre terrain ; o? un grand pape et un grand roi pr?sidaient aux destin?es de deux grandes nations qui se disputaient la palme dans les arts et la litt?rature ; o? toute une g?n?ration ardente, ambitieuse, enthousiaste, se levait au soleil de la Renaissance et s’inspirait des ?uvres de ceux qui devaient rester les ma?tres dans l’avenir.＜br /＞ M. de Roberval et M. de Kermer se pr?paraient une carri?re brillante, l’un dans les lettres, l’autre dans la diplomatie. Vivant de la m?me vie, partageant les m?mes id?es, poss?d?s tous deux d’une noble ambition, ils voyaient chaque jour se resserrer les liens de leur amiti?. Ils avaient les m?mes joies, les m?mes tristesses. Pas un r?ve n’?tait form? par l’un que l’autre n’encourage?t. La douleur ne frappait jamais qu’? demi, chacun des deux en prenant une part.＜br /＞ Gontran avait vingt-six ans, Georges deux ann?es de moins. Le premier avait les cheveux noirs, les yeux noirs, le teint des hommes du midi. Sa haute taille indiquait la force. Sa figure respirait je ne sais quelle fiert? et quelle franchise qui commandaient la sympathie et le respect.＜br /＞ M. de Roberval ?tait blond, p?le, d?licat. Dans son grand ?il bleu flottait vaguement la fatigue, l’ennui. Il semblait que ce jeune homme f?t trop faible pour supporter la vie avec ses d?boires et ses larmes.＜br /＞ Autant M. de Kermer ?tait gai, entra?nant, plein de fougue, autant M. de Roberval ?tait sombre et m?lancolique. La nouvelle du d?part de son ami avait profond?ment affect? Georges. Gontran s’en allait, sans dire o?, ni pour combien de temps. Ce voyage que rien n’avait fait pr?sager et dont la cause ?tait gard?e secr?te, brisait bien des projets dont la r?alisation avait ?t? r?v?e par les deux jeunes gens.＜br /＞ Tout en marchant, M. de Roberval pensait ? ces choses. Il arrivait au fleuve.＜br /＞ On ?tait ? la veille d’un ouragan et il faisait une profonde obscurit?. Le vent ne soufflait point. Pas un bruit dans la ville que les vibrations du beffroi qui, de temps ? autre, se prolongeaient dans l’espace. Des ?clairs fr?quents traversaient le ciel : alors pendant deux secondes la rue se d?roulait aux yeux du jeune homme comme un immense ruban de deuil.＜/p＞画面が切り替わりますので、しばらくお待ち下さい。

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